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Elisabeth Sonneck (D)

Rollbild106 La vie florissante - DIErecherche 

L’artiste berlinoise Elisabeth Sonneck, déjà en résidence ici en 2020, est revenue faire une recherche de couleur sur le cimetière de Die, intitulée Rollbild106 La vie florissante - DIErecherche. Dans son atelier temporaire à DIEresidenz, la peintre nous fait découvrir sa façon de travailler, de s’approcher de la nuance recherchée couche par couche tout en révélant le processus méticuleux. 

De plus, elle présente des œuvres sur papier en volume qu’elle vient d’exposer à Rome et Milan. Sa peinture abstraite est juxtaposée à des objets trouvés sur place qui la soutiennent par des actes de balance – la peinture contrôlée embrasse le hasard...

Elisabeth Sonneck, Rollbild106 la vie florissante – DIErecherche, 2022
huile sur papier 125 x 450 cm et 110 x 950 cm, 24x gouache sur papier 23 x 31/32 cm, Diashow photos crues de portable

Elisabeth Sonneck est une peintre abstraite, obsédée par la couleur et la lumière. Ses outils de travail consistent en un pinceau de 12 cm de large, la peinture à l'huile ou la gouache, et le geste. Dans le sens de la lecture, de gauche à droite, l’artiste applique de manière répétitive de nombreuses couches d’un même geste superposé. 

La couleur n'est pas appliquée de manière couvrante, mais permet aux couches sous-jacentes de briller, de vibrer et de s'ajouter à une nouvelle valeur de couleur. Le fait que l'artiste interrompe sa ligne avant la fin de la feuille implique que les différentes couches de peinture et leurs teintes respectives restent identifiables aux points d’arrêt. Le processus de peinture et sa temporalité inhérente sont visibles et constituent une partie essentielle de l'œuvre.   

La peinture d'Elisabeth Sonneck est dominée par le geste et la création continuelle de nouvelles couleurs. Elle diffère de l'abstraction gestuelle de l’Expressionisme abstraitou de l’Art informel, car son geste n'est pas expressif, mais lent, répétitif et contrôlé. La taille de l'image ne varie guère plus, car l'artiste adapte son format d'image à la portée de son bras et à la largeur du pinceau.  

Sonneck présente sa peinture précise et calme toujours en relation étroite avec l'espace d'exposition. Elle n'a pas accroché une œuvre à un clou depuis longtemps. Au lieu de cela, elle peint des murs, permettant à la peinture de se fondre dans la pièce, ou elle met en scène ses images comme des objets sculpturaux. 

Depuis plusieurs années, la Berlinoise utilise des objets trouvés, souvent dans le contexte du lieu d’exposition lui même, et laisse ces éléments du quotidien entrer en collision avec ses superpositions de couleurs. De cette manière, la peinture est maintenue en équilibre par des ustensiles de nettoyage, des cordes, ou un tonneau à vin. Ou bien elle s'enroule à nouveau, selon les souhaits des longues bandes de papier initialement enroulées, que Sonneck peint souvent sur leurs 10 mètres de longueur. Le matériau a son mot à dire en quelque sorte; si une feuille veut s’allonger et en couvrir partiellement une autre – ok, d’accord. Après tout, l'artiste ne peut jamais tout montrer.   

En juxtaposition avec des objets trouvés, sélectionnés pour leurs couleurs et matières, la peinture abstraite perd de sa rigueur et gagne une part d'humour. Les actes de balance rappellent les œuvres du duo suisses Fischi et Weiss, qui a créé une série de structures en équilibre à partir d’objets du quotidien, au milieu des années 1980. Chez Sonneck, la peinture s'appuie sur une sorte de béquille (balai, pelle, planche etc.) – peut-être parce qu’elle a un pied dans la tombe? En principe, la peinture est morte depuis Marcel Duchamp, ou peut-être pas. cb